La chemise en denim : un incontournable du vestiaire moderne
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La chemise en jean
La matière denim naît en Europe mais prend toute son ampleur aux Etats-Unis où elle révolutionne l’industrie de la Mode.
L'histoire de la chemise en denim
L'origine du denim
Le tissu « jean » est inventé à Gênes au Moyen-Age et se propage ensuite rapidement dans toute l’Europe. Il inspire en France la création d’une autre matière fabriquée à partir d’un mélange de laine et de soie: la « serge de Nîmes » qui anglicisée, devint par la suite « denim » selon une légende de l’histoire du jean. De même « jean » serait un anglicisme du nom « Gênes ». Ce lexique international est donc issu de notre langue française !
Plus tard, le nouveau denim est inventé aux Etats-Unis, il est réalisé à partir d’une toile de coton bicolore obtenue grâce à l’entrelacement d’un fil de trame clair avec un fil de chaîne teinté dans un bleu naturel. Cette teinture est obtenue grâce à deux plantes : l’indigotier et le pastel des teinturiers. Elle est appelée « Blu du Genova », Bleu de Gênes, d’où le nom blue jeans.
Le denim en Amérique
Le jean en tant que pantalon apparaît aux Etats-Unis grâce à l’association de deux hommes : Levi Strauss et Jacob Davis.
Levi Strauss, jeune autrichien de 23 ans, émigre en 1853 à San Francisco pour profiter des retombées fructueuses de la ruée vers l’or. Il décide de s’approvisionner en toile denim afin de la vendre aux chercheurs d’or sous forme de tentes et de bâches. La toile denim est en effet aussi résistante que les toiles de tente jusqu’alors utilisées et elle est plus esthétique.
De son côté, Jacob Davis, issu de Riga en Lettonie, s’implante dans le Nevada où il créée une entreprise de filage. En 1870, il réalise pour un bûcheron, un pantalon solide à base d’un rouleau de toile de coton acheté à Levi Strauss. Il y applique des rivets de cuivre pour maintenir le tissu à certains points précis. Ce nouveau pantalon fait des émules. Les bûcherons, chercheurs d’or et cowboys sont adeptes de ses qualités : résistance et belles capacités d’usure : avec le port et les lavages le tissu s’assouplit. En 1872, souhaitant développer ce nouveau marché, Davis propose à Levi Strauss de s’associer. Un brevet est déposé le 20 mai 1873 sous le nom « improvement in Fastening Pocket-Openings ». Ce brevet expirant en 1890, la concurrence se développe. Elle répond à une véritable hausse de la demande de vêtements de travail en lien avec l’industrialisation et l’expansion du pays. Certaines marques aujourd’hui mondialement connues ont commencé leur activité à cette époque : Hamilton Carhartt en 1884, Henry-David Lee en 1889, Blue Bell devenu Wrangler en 1904.
Autour des années 30, les colorants naturels sont remplacés par des teintures synthétiques, le bleu et le noir restant les couleurs majoritaires.
Le denim au XXème siècle
Tout au long du 20ème siècle, les vêtements en denim se démocratisent, dépassant les frontières des usines et des ranchs, pour atteindre la garde-robe quotidienne des américains.
Le cinéma présente ses premiers Westerns (premier film en 1904). Ceux-ci popularisent le jean. L’influence des stars comme John Wayne en font une pièce incontournable, les chaînes de radio et la presse relaient la tendance. Le mythe du cowboy prend toute son envergure et les marques de prêt-à-porter s’inspirent de cette image.
En 1935, la couverture du Vogue Américain titre : « True Western chic was invented by cowboys / Le vrai chic de l’Ouest a été inventé par les cowboys ».
En 1945, lors du débarquement et de la libération de la France, les Américains font découvrir aux européens cette nouvelle mode. L’exportation de la culture denim est en marche.
Pendant les Trente Glorieuses, des acteurs iconiques comme James Dean ou Marilyn Monroe continuent la promotion de cette tendance. Elle est symbole de jeunesse et de liberté. La recherche d’innovations et la concurrence entre les marques suscitent l’innovation et l’apparition de nouvelles formes: la première veste en jean est créée en 1951 par Levi’s.
Dans les années 80, le jean conquiert les podiums. Les grandes Maisons de Couture en font un véritable phénomène de mode : Karl Lagerfeld chez Chanel, Jean-Paul Gaultier ou encore Alexander McQueen. Les couturiers exploitent et déclinent le denim en short, en veste, en chemise, teinté, déchiré, frangé, il se porte dans toutes les occasions : chic ou décontracté, de jour comme de nuit. Symbole de confort, le jean est sans cesse réinventé.
La production du denim
Avec la mondialisation et dans une logique de réduction des coûts, les grandes marques délocalisent la production du jean dans des pays où le coût de la main d’œuvre est moins cher. On passe donc d’une fabrication locale à une production internationale. Le coton est cultivé au Pakistan, en Corée du Sud ou en Afrique de l’Ouest. Il est ensuite envoyé en Italie, pays au savoir-faire historique, où il est tissé sous forme de grandes toiles. Celles-ci sont par la suite transférées en Chine où elles sont découpées et assemblées. Les finitions (fermeture éclair, rivets, boutons…) qui nécessitent une main d’œuvre qualifiée, sont réalisées en Europe du Nord. Une production donc peu respectueuse de l’environnement avec les nombreux déplacements internationaux qu’elle suscite.
Aujourd’hui on voit apparaître un regain d’intérêt pour les productions localisées et dans des pays dont le savoir-faire est historique. Le Japon et l’Europe entre autres s’inscrivent dans cette logique.
Les denims japonais
Le Japon est le centre de production du « Japan denim » de renommée internationale. La production qui démarre dans les années 60 à Kojima haut-lieu de production textile, se fait entièrement sur place depuis la culture du coton à la vente du produit fini. Le « Japan denim » est réputé au niveau international pour la qualité et la robustesse de ses toiles.
On découvre la rue des jeans à Kojima avec pas moins d’une trentaine de boutiques: Momotaro Jeans & Rampuya, Japan Blue Jeans, AppleDo, BLUXE, Pure Blue Japan…On peut également citer d’autres marques japonaises emblématiques : Edwin, Iron Heart, Kapital, Orslow, The Flat Head…
Mais également un musée du Jean, créé par le fabricant de jeans Betty Smith. Ce musée présente toute l’histoire du jeans depuis son origine aux Etats-Unis. Betty Smith, fondée en 1962, fut la première marque japonaise de jeans pour femmes.
Les denims Européens
De même, la production Européenne reste fidèle à son savoir-faire. On peut citer les marques APC (marque française dont les toiles sont tissées sur d’anciens métiers japonais et ne font l’objet d’aucun traitement et qui a longtemps repris les vieux jeans usés pour les recycler), Atelier de la Venise Normande (marque française également dont la production est localisée en Normandie, et les jeans sont fabriqués à partir d’une toile italienne), Dnm Pieces (marque française, fabrication en France), Renhsen (marque française dont les jeans sont issus de toiles japonaises), Indigofera (marque suédoise, fabrication européenne fait main à partir de toiles japonaises)…
Les tissus en jean
On note une distinction entre le denim classique et le selvedge, deux techniques de production différentes du jean.
Le denim selvedge
Le selvedge est fabriqué à partir d’un fil qui n’est pas coupé aux extrémités, ce qui permet d’obtenir un tissu plus épais. Les métiers à jet de navette conservent le même fil d’un bord à l’autre.
Le denim classique
A l’inverse, le denim classique est plus fragile car les fils sont coupés aux extrémités.
Le denim classique coûte moins cher en production et est plus rapide à fabriquer. Il est donc prédominant dans l’offre actuelle des marques. Le denim selvedge est plus long et plus onéreux à produire mais il revient sur le devant de la scène favorisé par un regain d’intérêt pour les produits de qualité et durables, qui vieillissent bien dans le temps.
L'épaisseur d'un denim
Le denim choisi peut être plus ou moins lourd, et s’adapte donc aux saisons. On peut classifier l’épaisseur d’un denim par son poids qu’on mesure en oz.
1 oz (1m2 de toile) = environ 28 g.
De 9 à 11 oz : on a une toile légère, parfaite pour l’été
De 11 à 13 oz : toile adaptée pour les quatre saisons
De 13 à 16 oz : toile épaisse pour la mi saison et l’hiver
Les couleurs
Le délavage permet d’obtenir des teintes très variées. On distingue du plus foncé au plus clair : les bruts, les stonewashed, les one wash, les bleached…les finitions et détails ajoutés sont infinis, ce qui rend le choix très large.
Denim Brut
Denim Stone washed
Denim Bleached
Le design d'une chemise en jean
Le pantalon en jean présente un inconvénient : on ne peut s’asseoir avec ses poches remplies. La chemise Western a donc été créée dans les années 1910 pour pallier à ce problème : ses poches plaquées qui remplacent la fonction des poches du jean en sont caractéristiques. Cela la rendait très utile aux travailleurs qui pouvaient y insérer leurs outils et accessoires.
Au fil des années, elle se modernise et se pare de nouveaux détails pour aboutir en 1946 à la « Western Shirt », portée par les stars du rodéo et du cinéma. La marque Rockmount innove en appliquant des boutons de nacre sur les poches et lance ainsi le mythe de la chemise en jean.
Western Cowboy
Il s’agit du modèle le plus répandu, la couture se trouve sur le devant des épaules, on ferme la chemise avec des boutons pression. Deux poches sur la poitrine complètent le modèle : elles sont en dents de scie (sawtooth), à dent simple ou avec un bouton décalé pour permettre aux cowboys de sortir une cigarette de leur poche sans retirer le paquet.
Chemise The Kooples
Denim décontracté
Elle s’adapte au mode de vie urbain : le tissu est plus léger, le col peut être boutonné, les poches de poitrine n’ont pas de rabat.
Chemise Uniqlo
Aujourd’hui, intégrée dans le vestiaire moderne, chemises Western comme décontractées s’allient très facilement avec n’importe quel look, l’important étant de contraster avec le pantalon : chino beige et chemise en denim foncé, pantalon noir ou bleu marine et chemise en denim clair. Elles peuvent être portées ouvertes sur un tee-shirt blanc.
Portée sur un tee shirt blanc
Chemise Jules
Portée sur un jean noir
Denim sobre
Un tissu fin et soyeux, peu de détails, un look satiné, c’est la chemise denim dans sa version la plus sophistiquée. Elle s’associe avec un blazer bleu marine et un pantalon uni voire un jean plus foncé. On peut ajouter une touche de fantaisie avec une cravate tricot qui la mettra en valeur.
Portée avec un costume
Chemise Ba-sh
Portée avec un jean plus foncé
Denim et Chambray
On a souvent tendance à confondre denim et chambray. Le chambray se définit par un tissage avec un fil de trame blanc en coton ou en lin. Son nom provient de la ville de Cambrai dans le Nord de la France d’où il est issu. Il prend l’aspect d’un jean délavé mais s’en différencie par sa texture très légère qui laisse la peau respirer.
Chemise en chambray
Chemise Asphalte
Chemise en jean
Chemise Première Manche
Aujourd’hui le denim a conquis la planète, près de 60 jeans sont vendus chaque seconde dans le monde. On estime que chaque personne possède en moyenne 7 jeans. D’un simple uniforme, il s’est transformé avec le temps en un basique incontournable du vestiaire moderne et s’est décliné sur toutes les formes, traversant les générations et habillant toutes les classes sociales.
