Le coton : retour aux sources
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Le coton, retour aux sources
Popeline, denim, flanelle, oxford, fil à fil, twill…toutes ces matières sont issues de fils de coton tissés différemment. Mais quelles sont les étapes préalables depuis la récolte jusqu’au tissu fini? Nous vous expliquons tout dans cet article, suivez le guide !
La matière brute
Les cotonniers, arbustes de la famille des Malvacées, poussent dans les régions tropicales : ils ont besoin d’un sol fertile et profond, de 120 jours de pluie par an et de beaucoup de soleil pour bien se développer. Ils produisent des fruits composés de capsules divisées en 5 à 8 loges. Chaque loge contient 5 à 7 graines et chaque graine est recouverte par une fibre végétale constituée de cellulose pure: le coton. On distingue plusieurs variétés de cotonniers dont deux majoritaires: le Gossypium hirsutum et le Gossypium barbadense.
Le Gossypium hirsutum représente 81,5% de la production mondiale de fibres, et le Gossypium barbadense en représente 6%. Ce dernier a été introduit en Egypte où il est cultivé et est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs cotons au monde pour sa qualité et la longueur de ses fibres.
Gossypium hirsutum
Gossypium barbadense
Le coton est majoritairement produit en Chine, en Inde et aux Etats-Unis. Des traces de sa culture datant de 7000 ans ont été retrouvées au Mexique et d’autres datant de plus de 3000 ans en Inde.
Histoire du coton
Son nom provient du mot arabe al qutun. Il est tissé en Inde pour en faire des vêtements et des toiles brutes. Celles-ci sont envoyées pour être teintes en Europe, qui se prend de passion pour cette matière. La Compagnie française des Indes fondée en 1644 importait ainsi des « indiennes », étoffes de coton peintes, très en vogue. Puis la révolution industrielle voit apparaître des outils qui vont industrialiser la production : l’égrenage mécanique, la première machine à filer à plusieurs fuseaux : la Spinning Jenny, puis la machine à peigner et à filer et enfin la synthèse de ces deux métiers avec la Mule-jenny à la productivité 40 fois supérieure à celle du rouet.
Spinning Jenny
Mule-Jenny
En 1801, Jacquard invente le premier métier à tisser automatique fonctionnant grâce à de grandes cartes perforées et permettant la réalisation de motifs variés.
Métier Jacquard
La culture du coton se développe aux Etats-Unis au début du XVIIème siècle. Le travail dans les plantations favorise malheureusement l’esclavage et la traite des Noirs.
Aujourd’hui le coton est toujours très utilisé au niveau mondial. Il représente 37% de la production mondiale de fibres textiles avec 25,5 millions de tonnes par an et 2 à 3% des surfaces cultivées sur la planète. Mais il est dépassé par les fibres synthétiques fabriquées à partir de polymères dérivées du pétrole comme l’acrylique, le polyester ou le polyamide.
Les caractéristiques du coton
Ses qualités :
Absorbant : les fibres du coton ont un fort pouvoir absorbant, elles peuvent absorber jusqu’à 8,5% de leur poids en eau, ce qui explique qu’on utilise en grande majorité cette fibre pour la fabrication du linge de bain.
Isolant : on obtient une surface duveteuse en grattant le coton. Cette matière contient la chaleur près du corps et est utilisé par exemple pour tapisser l’intérieur des sweats à capuche zippés.
Coton gratté
Facile d’entretien : il supporte de fortes températures pour le lavage (il peut être bouilli) et le repassage à fer chaud
Peu coûteux car facile à produire
Douceur, souplesse et confort. Toucher soyeux.
Hypoallergénique : très peu allergisant, textile privilégié pour les bébés
Respirant : le coton permet à l’air de passer et facilite la respiration cutanée
Il se teinte ou s’imprime facilement
Malgré toutes ses qualités, le coton est sensible à l’humidité et développe des moisissures s’il est mal stocké, il perd ses couleurs avec le temps. Il est moins solide que le lin et moins élastique que la laine. Sa résistance augmente néanmoins lorsqu’il est mouillé. Il est également facilement inflammable.
Les étapes : de la graine au tissu
Le coton passe par plusieurs étapes depuis sa culture dans les champs jusqu’au produit fini : culture, récolte, égrenage, filature, tissage, teinture.
La récolte et l’égrenage : on sépare les fibres de coton des graines qu’elles entourent
Le séchage : on laisse le coton sécher au soleil puis on élimine les débris
Le filage ou filature : on transforme le coton en fil. La filature se déroule en plusieurs phases: on débarrasse le coton de ses impuretés grâce à des machines spécialisées, puis il est peigné, étiré et transformé en ruban selon la procédure du cardage. Il est ensuite torsadé et tiré jusqu’à obtenir un fil continu. La torsion est plus ou moins importante selon la qualité que l’on souhaite obtenir.
Le doublage : c’est une étape optionnelle, elle permet de renforcer le fil en le doublant ou en le triplant. Un fil doublé est appelé « double retors »
=> Voir notre article Comment choisir la chemise idéale
La teinture : on colore le fil avec l’utilisation de substances colorantes ou à l’inverse on le blanchit
Le tissage : on entrecroise les fils entre eux pour en faire un tissu. Le type de tissage est appelé une armure, celle-ci donnera un tissu plus ou moins épais, plus ou moins doux, travaillé en fonction de l’entrecroisement choisi… (popeline, denim, twill, fil à fil…) Pour cela on utilise un métier à tisser qui maintient les fils de chaîne en place et permet d’y filer les fils de trame à travers.
=> Voir notre article Les différents types de tissus
Métier à tisser
Les finitions : le tissu obtenu est soumis à plusieurs traitements pour améliorer sa teinture et son aspect final.
Certains cotons sont mélangés avec des fibres synthétiques comme le polyester, ce qui le rend plus néfaste à l’environnement et de moins bonne qualité. On privilégiera les matières 100% coton.
Les enjeux environnementaux du coton
La culture du coton a un impact négatif sur l’environnement car elle est très consommatrice d’eau et de produits chimiques. Par ailleurs, la teinture du coton requiert l’emploi de métaux lourds toxiques comme le plomb ou le chrome.
Pour un seul tee-shirt en coton, il faut compter une moyenne de 25 000 litres d’eau et une émission de 5,2kg de CO2.
Les conditions de travail dans les pays émergents restent également très difficiles.
On se tourne donc aujourd’hui vers une production de coton biologique dans le cadre d’un commerce équitable, mais cela reste encore anecdotique. Le label GOTS Global Organic Textile Standard est garant d’une fabrication de coton biologique basé sur des méthodes respectueuses de l’environnement et équitables. Par exemple les pesticides utilisés sont naturels (fumure pour l’engrais, pas d’OGM…). Ce coton biologique est encore plus agréable au toucher grâce à l’absence de produits chimiques.